Artiste féministe et écologiste, Carla Hemlock tente par ses œuvres textiles d’engager la conversation autour de sujets sensibles associés à l’histoire et à la culture Kanien’kehá:ka. Dans son travail, Hemlock explore des thèmes tels que la liberté, les droits de la personne, la souveraineté des premiers peuples, l’écologie et la violence systémique envers les femmes autochtones. Elle travaille essentiellement la courtepointe. À travers cette pratique, elle explore le savoir-faire ancestral du perlage. Il faut savoir que la confection de courtepointes est un savoir-faire imposé aux femmes iroquoises par les colonisateurs européens devenu, avec le temps, un objet culturel riche et significatif pour elles. En s’appropriant ces techniques, Carla Hemlock tente de dépasser la vision souvent réductrice de l’artisanat autochtone véhiculée par la culture dominante. Elle est aussi reconnue pour son travail avec son mari, Babe Hemlock, avec qui elle prend part à de nombreuses expositions en Amérique du Nord.

Cette courtepointe de Carla Hemlock allie la tradition et la modernité, le passé et le présent. Sur le plan technique, cette œuvre témoigne de l’habileté et de la maîtrise de l’artiste. La variété des tissus, la présence d’ornementation, d’éléments figuratifs et la complémentarité des couleurs (violet et jaune) dynamisent la composition. Les billes du perlage offrent un relief aux motifs qui ornent le contour, tandis que la tortue repose en aplat au centre. Skywoman’s descent illustre le mythe Haudenosaunee (iroquois) de la formation de la Terre dans lequel la Femme-ciel, tombe de la voûte céleste et atterrit sur le dos d’une tortue. Elle demande alors aux animaux de rassembler de la terre sur la large carapace, et ceci donnera naissance à la Terre, que les Mohawks nomment d’ailleurs l’île de la tortue. Selon les croyances haudenosaunee, l’être humain, créé pour prendre soin de celle-ci, aurait causé un déséquilibre dans les forces de la vie en se démontrant incapable de jouer adéquatement son rôle. C’est ce que dénonce ici Carla Hemlock : notre manque de respect face à l’environnement.