Maurice Raymond est un artiste québécois polyvalent dont la contribution à l’art moderne est incontestable. Il étudie d’abord à l’École des beaux-arts de Montréal, puis, récipiendaire d’une bourse du gouvernement du Québec en 1941, il part se former dans plusieurs villes des États-Unis. À son retour, il devient professeur de composition picturale à l’école qu’il a naguère fréquentée, il y sera d’ailleurs directeur des études. Aquarelle, fusain, pastel, collage, peinture à l’huile, la production de Raymond témoigne d’une grande variété de médiums. Il illustre aussi quelques ouvrages dont La campagne canadienne d’Adélard Dugré et Petite histoire de France de René Ristelhueber. À partir des années 1950, le peintre se tourne vers l’abstraction et le travail de la couleur. Il fonde l’Association des artistes non figuratifs de Montréal et la Société des artistes professionnels du Québec. En 1978, il fait son entrée à l’Académie royale des arts du Canada.

Produite au moment où l’Allemagne nazie s’organise en Europe, l’œuvre Poème de la terre est une ode au pays chéri par le peintre Maurice Raymond. Tout dans ce tableau célèbre de la vie rurale canadienne. L’artiste rend ici hommage aux travailleurs acharnés de la terre qui labourent, sèment, récoltent et donnent vie à la campagne fertile. En arrière-plan, l’importance du pêcheur est soulignée, eux aussi nourrissent la communauté et soutiennent l’économie rurale. Finalement, salut ultime, le chemin en « S » nous entraîne vers l’église, symbole d’une foi forte et omniprésente. Nostalgique de l’époque où la force du territoire québécois lui venait du travail au champ, Raymond évoque le quotidien ancestral avec sensibilité. Puisqu’il est né à Montréal, en ville, sa vision semble quelque peu idéalisée, mais témoigne tout de même d’un certain attachement au terroir.